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L’impact de la contrefaçon numérique sur la musique. Partie 2

Le marché de la musique « live »

Les concerts, des bains de foule pour les fans et des sources de revenus qui ne diminuent pas pour les artistes…  

Nous l’avons évoqué dans un post précédent concernant le marché de la musique physique et numérique, l’industrie musicale est loin de se porter au meilleur de sa forme. Même si les ventes numériques augmentent considérablement, elles ne permettent pas pour autant de compenser les pertes liées à la baisse des ventes physiques. Et ce constat est valable aussi bien à l’échelle internationale qu’en France. Mais à l’inverse, le bilan du marché de la musique « vivante » est quant à lui positif.

     LE PHÉNOMENE DU BOOTLEG N’ENTACHE PAS LE « LIVE »

Le « bootleg », que l’on peut traduire littéralement en français par « jambe de botte » est une expression anglophone qui désignait à l’origine la contrebande d’alcool. Cette expression est aujourd’hui passée dans le langage courant et désigne plus généralement les phonogrammes qui n’ont pas été édités officiellement, autrement, dit, les œuvres musicales qui n’ont pas été commercialisées et qui n’ont pas été autorisées par les ayants droit. Aussi, le bootleg englobe notamment les enregistrements illégaux de concerts par des fans, lesquels sont alors mis en ligne et partagés sur les réseaux. Ce phénomène est très courant et pourtant, il ne semble pas avoir d’impact négatif sur le marché du « live ».

     EN FRANCE, LE LIVE NE CONNAÎT PAS DE BÉMOL

En marge des ventes de CD audio (albums, singles…), du streaming légal, des plateformes de téléchargement légales, et des abonnements de musique via la téléphonie mobile et Internet, le concert connaît de son côté un succès continuel et même grandissant.

En effet, selon une étude publiée en septembre 2008 par le CNV (Centre National de la Variété, de la chanson et du jazz), la fréquentation des concerts est en hausse pour l’année 2007 (les statistiques pour l’année 2008 devraient être publiées dans le courant de l’année 2009). D’ailleurs, ce constat était déjà similaire pour l’année 2006 qui avait également bénéficié d’une augmentation des entrées de 3 % par rapport à 2005 et ce, malgré une hausse du prix moyen du billet hors taxe de 8%.

L’économie des concerts en France en 2007 a ainsi été évaluée par le CNC à 480,5 millions d’euros, c’est 13 % de plus en valeur par rapport à 2006, tout en sachant que ce sont bien évidemment les représentations payantes qui ont rapporté le plus, à savoir 470,8 millions d’euros de billetterie hors taxe.

Ainsi, d’après cette étude, 2007 révèle une augmentation de 5% de la fréquentation des concerts, toute catégories confondues. Plus précisément, ce sont les concerts pop rock, les comédies musicales et les concerts électro qui remportent la palme de la plus importante croissance. Par ailleurs, face à cette demande accrue, l’année 2007 a multiplié le nombre de représentations. En effet, entre 2006 et 2007, le nombre de représentations total (payantes et gratuites inclues) a augmenté de 12%. On pourra noter tout de même, comme le relève d’ailleurs également l’étude, que l’offre de la musique « vivante » s’est avérée plus dynamique que la demande. En d’autres termes, l’augmentation du nombre de concerts a été plus importante que celle du public. C’est la raison pour laquelle, même si globalement il y a eu plus d’entrées en 2007 qu’en 2006 (+5%) et davantage de représentations (+12%), la fréquentation par représentation s’est inscrite à la baisse en 2007. Malgré tout, le bilan reste très positif, et si les salles étaient certes moins remplies, elles étaient plus nombreuses, plus diversifiées et plus riches.

Ce constat permet de montrer réellement que la musique « vivante » bénéficie d’un succès intemporel et même croissant de la part du public. En témoigne d’ailleurs la fréquentation record des festivals en 2008. En effet, de nombreux festivals comme celui de la Rochelle avec les Francofolies, Solidays ou encore le Printemps de Bourges ont battu des records de fréquentation par rapport à 2007. On devrait donc s’attendre pour le rapport 2008 du CNC à un bilan encore positif. D’ailleurs, un témoignage de Daniel Colling, patron du Zénith de Paris et du Printemps de Bourges conforte ce vent très favorable pour le « live » : « Le spectacle vivant dans les musiques actuelles est une tendance de montée structurelle ».

D’ailleurs, ce succès passe outre le prix moyen des billets de concert hors taxe qui s’est révélé à la hausse en 2007 (+8%). Cet élément montre clairement que le public est donc prêt à payer, même cher, pour profiter des sensations et de l’expérience uniques que procure la scène musicale « vivante ». Ainsi, on peut d’ores et déjà penser que le concert restera une valeur sûre pour l’industrie musicale, car rien ne pourrait concurrencer ou remplacer l’ambiance populaire et festive de ces manifestations, encore moins les fichiers contrefaits illégaux. La musique « live » connaît-elle le même succès à l’échelle internationale ?

     DANS LE MONDE, LE BILAN DU « LIVE » RESTE GLOBALEMENT POSITIF   

A l’échelle internationale, le concert a connu un essor considérable en 2008. En effet, selon les estimations du magazine américain Billboard, reprises par le site français Musicspost le chiffre d’affaire généré par la musique live en 2008 a augmenté de 13 % au niveau mondial, pour atteindre un record de presque 4 milliards de dollars. Le magazine américain établit d’ailleurs un classement des tournées mondiales qui ont généré le plus de chiffre d’affaire, avec à la première place le groupe de rock des années 80 Bon Jovi qui a culminé avec des revenus de plus de 210 millions de dollars. Puis suivent les tournées de Bruce Springsteen avec 204 millions de dollars et Madonna qui a rapporté 162 millions de dollars dont 17,2 millions ont été réunis lors de son concert au Stade de France à Paris.

Pour mesurer le succès des concerts dans le monde, il convient de se référer au numéro 1 mondial de l’organisation de concerts, Live Nation, qui dévoile des résultats très positifs jusqu’en 2008. En effet, entre 2006 et 2008, les revenus bruts issus des concerts comprenant le marché américain et international et la division « Artist Nation » de Live Nation sont passés de 3,1 à 3,7 milliards de dollars, soit une progression de 10% environ. Néanmoins, la part de revenu la plus importante de Live Nation reste les Etats-Unis (54%) avec 2,2 millions de dollars pour l’année 2008 tandis que les revenus des concerts et festivals dans le reste du monde ne représente que 28%, soit 1,2 milliards de dollars pour la même année. Aussi est-il logique que lorsque le marché américain décroît, les revenus de Live Nation sont impacté significativement. En effet, si les revenus différés du premier trimestre 2009 ont augmenté de 24 % avec 696 millions de dollars, les revenus réels de cette même période ont diminué de 33,4 millions de dollars par rapport au premier trimestre 2008. Cette baisse est essentiellement liée au marché américain dont les revenus sont passés de 335 millions de dollars au premier trimestre 2008 à 322,2 millions de dollars à la même période en 2009. Toutefois, Live Nation n’attribue pas ces pertes à la crise économique qui affecte le monde et notamment les Etats-Unis. En effet, le président de Live Nation, Michael Rapino, déclare dans le rapport du premier trimestre 2009 que « les résultats du premier trimestre sont en accord avec nos prévisions et, malgré la conjoncture économique, les fans continuent d’acheter des places de concert à un bon rythme » (“Our first quarter results were in line with our plan and, despite challenging economic times, fans are buying concert tickets at a healthy pace,”). Par ailleurs, il ajoute que les fortes ventes de places de concert de l’été 2008 jouent un rôle important dans l’augmentation des revenus différés au premier trimestre 2009 : « Deferred revenue grew significantly, highlighting the strength of summer ticket sales ». Aussi, selon Live Nation, les pertes du premier trimestre 2009 sont principalement à attribuer aux variations des devises étrangères, représentant la somme importante de 48,6 millions de dollars. Du reste, des revenus considérables rentrent en ligne de compte pour évaluer le marché des concerts. En effet, en dehors de la billetterie, il convient également de prendre en considération le sponsoring, dont les revenus ont augmenté au premier trimestre 2009 de 3,1 millions de dollars, soit des revenus de 21 millions de dollars alors qu’ils représentaient 17,9 millions au premier trimestre 2008.     

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CoPeerRight Agency avait déjà observé l’impact de la contrefaçon numérique sur les salles de cinéma, il était donc essentiel de dresser également le bilan des salles de concerts, qui ne semble pas souffrir de la contrefaçon numérique, à l’échelle nationale comme mondiale. La culture « live » ou « vivante » représente une valeur sûre pour les artistes et la contrefaçon numérique ne saurait entacher significativement ce marché dynamique. En effet, les moments intenses et l’ambiance festive vécus dans les « lives », suscitant des émotions fortes, sont à l’abri de la contrefaçon numérique, se traduisant pour les concerts par le « bootleg ». Cette forme de contrefaçon des concerts ne peut apporter les sensations procurées par la musique « live ». Aussi, nul doute que le marché du live se réserve encore probablement de beaux et longs jours devant lui !

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1 commentaire pour l'article “L’impact de la contrefaçon numérique sur la musique. Partie 2”

  1. Votre article a le mérite d’exister, mais ne fait à mon avis qu’enfoncer des portes ouvertes depuis longtemps…

    Votre article ne va pas au fond du problème :

    – A l’horizon de l’an 2000, le marché de la vente physique de musique était sur côté, un peu comme une « bulle spéculative » boursière. Les 15 années précédentes avaient entrainé une très nette augmentation de la consommation du fait du changement de support vinyle/CD. A noter que le consommateur avait été victime d’une forme d’escroquerie au passage, les CD étant vendus nettement plus cher, alors que leur cout de fabrication était beaucoup moins élevé que celui d’un disque vinyle. Comme toute bulle spéculative, celle-ci a fini par se rétracter, amorçant le déclin de l’industrie musicale au début du 3ème millénaire. Néanmoins le mal était fait, l’industrie musicale y avait pris goût et s’apprêtait à nous refaire le coup du changement de support, mais internet est passé par là et a dématérialisé le support…

    – Le déclin de l’industrie musicale a très certainement été aggravé par une plus grande diversité d’offre dans l’industrie culturelle « payante ». Il suffit de regarder l’évolution du marché des jeux vidéos ces 10 dernières années. Hors le budget culture/loisir des ménages n’est pas extensible à l’infini. L’industrie musicale s’est simplement fait grignoter des parts de marché…

    – Internet a entrainé de nouveaux comportements dans la consommation musicale, qui échappent complètement aux professionnels, ce qu’ils ne peuvent supporter : liberté de choix en ayant un accès plus facile à la production (de manière légale ou illégale), ce qui rend le contrôle du marché très difficile. D’où la ire de l’industrie du disque contre internet.

    – Pour les artistes qui ont osé franchir le pas, en mettant légalement leurs œuvres dématérialisées en téléchargement libre (comme radiohead ou nine inch nails), le retour sur investissement a été très payant. Les entrées financières ont dépassé les prévisions les plus optimistes (comme quoi même si c’est gratuit, le public qui fonctionne à l’affect est prêt à payer pour des artistes qu’il apprécie…) et ces groupes ont énormément gagné en terme d’image au prêt de leur public (l’augmentation de la fréquentation des « spectacles vivants » en est le parfait exemple). Ces nouvelles pratiques menacent directement l’industrie musicale, mais pas les artistes qui peuvent voir en internet une forme de rémunération directe sans intermédiaires, qui leur sera bien plus profitable.

    Ma conclusion est donc que l’industrie musicale, incapable de s’adapter mène un combat d’arrière garde perdu d’avance face à internet, un peu comme la batellerie face au chemin de fer au XIXème siècle. Seuls les professionnels capable d’entreprendre une mutation en profondeur en créant de la valeur ajoutée (qui reste à définir je le conçois, mais il existe déjà des pistes) survivront. Mais pour ça beaucoup de diffuseur de contenus les ont grandement devancés (en échappant qui plus est au statut d’éditeur, ce qui est tout bénéfice), et ce seront eux demain les nouveaux industriels de la culture.

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